La mêlée Sans doute la phase de jeu la plus

La mêlée

Sans doute la phase de jeu la plus énigmatique et la plus mythique : que se passe-t-il la dessous? Comment pousser en mêlée? A quoi ça sert?  Quelle différence entre un pilier droit et un gauche? Autant de questions qui fascinent bien souvent les novices de ce jeu. En réalité, la mêlée n'est qu'un simple accident de jeu qui permet de remettre de l'ordre sur le terrain.

LA MELEE FERMEE

Elle est ordonnée par l'arbitre quand une équipe effectue un en-avant. Ou lorsque le ballon est enterré et n'est plus jouable. Les packs de 8 joueurs forment un cercle autour du ballon. La mêlée est modelée par 3 lignes de joueurs, chacun des postes étant nomé par rapport au placement dans la mêlée. La première ligne compte 3 coéquipiers (2 piliers et 1 talonneur, plutôt petits et trapus pour tenir le choc), la deuxième ligne est composée de 2 joueurs (grands pour pousser et capter des munitions en touches), et la troisième ligne aligne 2 ailiers (aux profils plutôt mobiles et rapides afin de couvrir le plus possible de terrain) et un centre, le n°8. Lorsque le ballon est introduit par le demi de mêlée, les talonneurs de chaque équipe tentent de le ratisser vers leur camp, où il est digéré jusqu'au dernier élément de la mêlée, à savoir le 3e ligne centre. La mêlée est terminée lorque le ballon quitte les pieds du joueur.

* Quelques règles *

La mêlée est une phase très structurée. L'arbitre assiste la mise en place et les joueurs sont placés sous ses ordres. Il fait respecter un timing pour éviter tout accident. Une fois en position, les joueurs attendent l'introduction avant de pousser. S'ils tentent de produire leur effort avant, l'arbitre peut accorder un coup franc aux adversaires. Tant que le ballon est dans la mêlée, personne ne peut s'en saisir, pas même le demide mêlée. En défense, les 3e lignes doivent avoir les épaules liées à la mêlée avant la sortie du ballon. Cette règle fut instaurée en 1995 avec l'ouverture du rugby au monde professionnel. Le but était de favoriser les attaques.

* Epreuve de force *

La mêlée est dans toutes les têtes avant une rencontre. C'est l'endroit de l'affrontement. Le combat collectif le plus important, car il y a une vraie osmose entre les joueurs. L'impact est déterminant au moment de l'introduction. Ensuite,tout se joue sur la poussée, la puissance, la force, la ruse, la technique. C'est un match dans le match. Chaque joueur a un rôle précis au service du groupe. Personne ne peut défaillir sous peine de voir la "matrice" emportée. Suprême humiliation, d'ailleurs, pour un pack de reculer en mêlée. Même les 3/4 qui assistent à cette scène sont affectés. Il n'est pas rare ensuite qu'ils manquent des placages ou commettent des en-avant, subissant pour, finalement, perdre la rencontre. "La mêlée, c'est le baromètre de l'équipe.", notait Jean-Pierre Garuet, un des plus fameux piliers de l'histoire. Bernard Laporte, le selectionneur du XV de France, rappelle de son côté : "On ne gagne pas un match grâce à la mêlée, mais on peut le perdre..."

* Voyage au centre de la mêlée *

Même avec les progrès de la télévision et des caméras placées un peu partout, il reste difficile de savoir ce qui se passe sous les mêlées. Seuls les protagonistes ont une idée de ce qui se trame dans ces profondeurs. A cet égard, une mêlée relevée est comparable à la partie émergée d'un iceberg, au pic d'une éruption volcanique. Souvent, tout commence au moment de l'introduction du ballon. Il y a comme une sorte d'auto-arbitrage entre les joueurs. Il est mal venu de pousser en travers tout comme il est mal vu de chercher à talonner la balle sur introduction adverse. Autant de petits détails qui finissent par agacer le policier du pack. En général, il s'agit du brave deuxième ligne. Il ne parle pas beaucoup, il a la main ferme et sait s'en servir. Lorsqu'il entend le signal, il lache son compagnon et envoie une marmite par-dessous. Objectif : le nez du talonneur d'en face qui, lui, pauvre Jésus, ne peut se défendre, pris entre ses deux piliers avec les bras en croix. Généralement, c'est à ce moment que les forces telluriques se déchaînent...

LA MELEE OUVERTE

Dans le jargon du rugby, il existe la mêlée ouverte. En anglais, les arbitres évoquent le ruck (regroupement où le ballon est au sol). C'est une phase de jeu désorganisée où chauque camp lutte pour la conquête du ballon. On parle également de regroupement. Aujourd'hui, au plus haut niveau, il y a 5 fois plus de mêlées ouvertes que fermées. Conséquences de la bonne préparation des joueurs et du peu de fautes engendrées tout au long d'une partie.

ELLE TOURNE, ELLE TOURNE LA MELEE

La mêlée n'est pas une histoire élémentaire. Une multitude de combinaison découle de cet engagement. Mais avant cela, il faut gagner la poussée. Certaines équipes, un peu coquines, plutôt que d'affronter la force pure, préfèrent le contourner. Ainsi, on observe des mêlées ordonnées avoir soudain le tournis. Elles se désaxent complètement. Conséquence, le ballon est "pourri" et difficilement jouable. De plus,une règle impose de relever la balle avant que la mêlée ne pivote de plus de 90°. Si ce n'est pas respecté, l'introductio du ballon est rendue à l'équipe qui défend. Il existe des techniques pour faire tournoyer en moins d'une seconde la "tortue humaine". Les arbitres ont bien du mal à s'y retrouver. Il suffit par exemple de ne pas pousser d'un côté pour qu'automatiquement la structure se désaxe. Mais, chut! C'est un secret de piliers.

LE JEU DERRIERE LA MELEE

Une fois le ballon digéré, le jeu reprend ses droits. L'avantage derrière cette structure définie est pour l'attaque qui joue devant une defense fixe. Ainsi, les combinaisons fleurissent. Les plus classiques concernent le 3e ligne centre (le n°8). Il relève la balle pour son demi de mêlée (le n°9). Si vous vous promenez un jour pas loin d'un terrain de rugby et que vous entendez une annonce du style : "on fait la 89", vous serez à proximité d'une mêlée c'est sûr!